Laure : Infirmière en santé du travail.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous évoquer mon confinement, qui d’ailleurs n’en est pas un.

En effet, je suis toujours en situation de travail. Mon métier d’infirmière en santé du travail nécessite que je sois présente dans l’hôpital où j’exerce.

Tout d’abord, je ne peux pas faire de télétravail car la gestion des dossiers médicaux du personnel n’est pas informatisée. De plus, mon rôle est de conseiller et accompagner  les salariés, l’employeur et les représentants syndicaux. Et c’est toujours plus aisé de comprendre les besoins d’une personne quand on est sur le terrain.

Pour mes collègues, Infirmiers, Aides-soignants, Agent de Service Hospitaliers, Médecins, agents administratifs ou agents techniques, en cette période de pandémie, les angoisses sont décuplées et le stress à son maximum. Nous avons du matériel dont il faut être économe. Les questions sont nombreuses sur les risques encourus pour soi-même ou pour sa famille. Les directives changent quotidiennement pour coller au plus près des directives gouvernementales, et en fonction des moyens alloués. Mais cela génère aussi beaucoup d’incompréhension. Je suis à l’écoute de chacun et endosse la casquette de pédagogue.

J’ai eu besoin de prendre une semaine de congé pour m’extraire de ce stress.

Cela m’a permis d’ouvrir les yeux sur la situation de mon conjoint artisan peintre en bâtiment. Ses soucis de trésorerie, la mise en chômage partiel de son ouvrier, les papiers et dossiers à remplir.

Normalement, je ne m’implique absolument pas dans son entreprise.

Mais là, je lui ai apporté mes compétences pour lui permettre de mettre en place les mesures nécessaires pour reprendre son activité en préservant sa santé et celle de son employé, quand il reprendra. La survie de son entreprise passe par une reprise la plus précoce possible. Nous avons fait des protocoles, des questionnaires, des affiches, bornés les champs d’applications. Je me suis éclatée à faire l’essence même de mon métier, beaucoup plus qu’à l’hôpital, ou je n’ai aucune marge de manœuvre et où les initiatives sont souvent dévalorisée.

Ce temps de congés m’a permis de refaire le point sur mes aspirations (désirs) et besoins.

Mes expériences de vie précédentes m’ont déjà bien permis d’avancer sur les besoins primaires essentiels.

En effet, je suis déjà passée par un lit de réanimation intubée ventilée pendant 6 semaines suite à un très grave accident de la route. Je n’en garde aucun souvenir, par contre des sensations très fortes de bruit, de voix, de sensations physiques. Et il reste, entres autres, des séquelles respiratoires  avec une perte de la capacité pulmonaire. Au réveil, on fait le point sur ce qu’on était avant, ce qui a changé, comment on fait avec après. La situation actuelle me renvoie à cette situation antérieure.

Les séquelles physiques orthopédiques et neurologiques me rappellent quotidiennement aussi que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

Notre existence est remplie par la nécessité de satisfaire 5 besoins fondamentaux.