« Ne jamais lâcher et croire en ses rêves »

Aline Gonzalez, 44 ans, vient de prêter serment. Au mois de décembre 2019 elle est devenue avocate spécialisée dans le droit public. Retour sur un parcours chaotique et exemplaire rythmé par les sacrifices de toute une famille.

A 18 ans, Aline rate son bac. Sa mère souhaite qu’elle s’oriente vers un CAP de cuisine. « C’est ton choix, pas le mien » lui répond sa fille qui quitte le domicile et s’inscrit à la faculté de Nîmes pour passer une capacité en droit (équivalence du bac).

Pour payer l’inscription et son studio, la jeune fille décroche des jobs de secrétaires, dans une étude d’huissiers, puis d’avocats.

Elle obtient son DEUG avec mention mais ne peut poursuivre ses études, faute de moyens financiers car il faut aller à l’université de Montpellier. La licence attendra.

La vie à trois

Aline fait alors la connaissance de celui qui deviendra son époux et le père de sa fille, Luna.

Le jeune homme dirige une entreprise de soutien scolaire. Aline travaille avec lui et lui fait son secrétariat, sa communication et relations clients.

« Lorsque Luna a 18 mois, mon mari me dit: c’est bon, tu peux reprendre tes études » confie Aline alors âgée de 30 ans.

Elle décroche sa licence avec mention à l’université de Toulouse, qu’elle réalise par correspondance, puis poursuit sa route avec un Master 1 et 2 à distance car Aline s’occupe de sa fille et travaille toujours pour l’entreprise de son mari.

Une rencontre, un tournant

Par quel concours de circonstances son mémoire se retrouve sur le bureau du directeur de recherches de l’université d’Aix/Marseille, un éminent professeur de droit ? Aline l’ignore. Toujours est-il qu’il la contacte et arrive à la convaincre de se lancer dans un doctorat. « Il m’a dit que cela me prendrait 3 ans. Au final, j’ai mis 5 ans ! » raconte Aline. Et pour cause !

Aline multi tâches

Comme la vie n’est jamais simple, le jeune couple découvre que leur enfant est précoce, qu’elle lit parfaitement à 3 ans, et qu’elle est malheureuse à l’école.

Ils décident de la déscolariser et de lui faire cours eux mêmes, du CP à la 6ème, puis de la 5ème à la 3ème. (Luna décrochera d’ailleurs son brevet des collèges avec mention en candidat libre).

À cela s’ajoutent toutes les d’activités extra scolaires, pour ne pas couper du monde la fillette.

Aline-taxi

Aline-enseignante

Aline-étudiante

Aline-secrétaire

Aline-vacataire…

Aline, enseigne à sa fille mais aussi aux étudiants en réalisant des vacations dans les universités de Grenoble, Valence, Lyon et Montpellier.

Sa thèse durera donc 5 ans. 5 ans sans week-end, 5 ans sans vacances, 5 ans de sacrifices pour toute la famille.

« La dernière semaine, avec mon mari, on relisait ma thèse 14H par jour, et il trouvait toujours des fautes. Moi, je ne voyais plus rien. On n’en pouvait plus ! »

Mais quel bonheur lorsqu’elle la soutient et obtient un prix et les félicitations !

À  42 ans, Aline entre enfin à l’école d’avocats. À ses côtés, ses anciens élèves à qui elle a enseigné le droit public.

Et puis vient ce jour où elle décroche son CAPA et figure dans les 5 meilleurs puis ce jour de décembre 2019 où elle prête serment devant ses pairs, son mari et sa fille.

Aline a les larmes aux yeux.

« Le CAPA je le dois à beaucoup de sacrifices de toute la famille. De mon mari et de ma fille qui m’ont toujours soutenu. Sans leur soutien je n’y serai jamais arrivée » confie Aline Gonzalez dont le cabinet se trouve aujourd’hui en centre-ville de Nîmes.

« Croire en ses rêves, faire des sacrifices et ne rien lâcher » telle est sa devise.

Fini les études ? Pas si sûr ! Elle lance spontanément un « OUI ! » Puis réfléchit et poursuit : « Enfin, je vais peut-être, plus tard, les reprendre pour me spécialiser davantage ».

Il n’y a pas d’âge pour apprendre…

 

Retrouvez l’ensemble des articles de Marie Laure sur son site : GML Prod