Julie : Serveuse à la Mosca Loca
Le Samedi 14 mars au soir, je fêtais mes 31 ans avec mes amis, dans le bar dans lequel je travaillais. Alors que je finissais un mojito par un trait d’Angostura, la nouvelle est tombée : A minuit tous les bars et restaurants doivent fermer leurs portes jusqu’à nouvel ordre.
La nouvelle est là, mais on ne la comprend pas très bien, car cette annonce a un effet inattendu. Les gens profitent, rigolent, recommandent à boire. Il se dégage de cette soirée une sorte d’euphorie venue d’on ne sait trop où, comme si les gens ne voulaient pas y croire.
Le lendemain de cette soirée je retourne au bar. Nous devons vider les frigos, protéger les denrées qui peuvent l’être et tenter d’y voir plus clair, mais rien n’est moins simple.
Et puis c’est l’escalade, les écoles ont fermées l’avant-veille et l’annonce du confinement tombe 2 jours plus tard
Pour ma part je suis partie vivre chez ma sœur, qui possède une maison sur les hauteurs de Nîmes. J’ai donc débuté une collocation avec un neveu de 2 ans, et un beau frère, qui a nécessité quelques aménagements.
Cette situation est très particulière pour moi car elle vient annuler quelque chose de très important. Mon départ pour le canada. J’avais prit la décision de me lancer dans une nouvelle aventure de vie. J’avais obtenu un permis pour voyager et travailler au Canada durant 2 ans. Je devais partir pour Montréal, le dimanche 14 juin à 12h25. Il ne me reste qu’une petite chance mais rien n’est moins sur.
Ces temps de confinement sont donc une occasion pour moi de prendre du recul sur beaucoup de choses et notamment des choses qui nous dépassent. Ils m’obligent également à ré-envisager ma situation professionnelle et mes attentes dans ce domaine.
Malgré tout cela, et le manque des amis, je le vis plutôt bien et adopte une attitude pleine d’optimisme et de résilience. Cet événement marquera non seulement les êtres au niveau humain cela est certain, mais également toute une vie et une économie, qui devront déployer des trésors d’ingéniosité et d’entraide pour recommencer à avancer.
Je ne peux que me soucier de toutes ces professions indépendantes qui souffrent de cette situation. Celles qui ne rentrent pas dans les cases des aides octroyées par l’Etat. Cette situation ne fait que me conforter dans la démarche qui est la mienne depuis quelques années de consommer local et de refuser autant que possible les grandes surfaces et les grandes plateformes d’achat en ligne.
Voila ces quelques mots de réflexions que je souhaitais vous faire partager. Au plaisir de vous retrouver, vous nous manquez énormément.